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Historique

Historique du chalet : M. Aloys Lauper, adjoint au chef du Service des Biens Culturels du canton de Fribourg


AU PAYS DE L’OR BLANC, LE CHALET DU CRÊT DE LA VILLE A GRUYERES

A la limite septentrionale du site de Moléson-Village , cerné par le modernisme et le tout béton des années 1960, le chalet du Crêt de la Ville apparaît comme un pan de Gruyère authentique échoué aux confins d’une grande utopie architecturale. Posé à 1127 m d’altitude, à l’extrémité de la crête nord-est du Moléson, sur une terrasse au confluent du rio de Ratvel et de l’Albeuve, le chalet jouit d’une vue imprenable sur la ville de Gruyères, dans l’axe du vallon de l’Albeuve. Au premier abord, rien ne distingue ce bâtiment des nombreux chalets d’alpage alentour : un parallélépipède de 12 m sur 15, construit à poteaux avec remplissage en madriers sur soubassement en maçonnerie, couvert d’un grand toit revêtu de tavillons, avec une étable plus étroite greffée à l’est, de 6,5 m sur 8,5. Les spécialistes avaient cependant noté sur des linteaux de porte, deux millésimes parmi les plus anciens repérés sur ce type de construction. Sur la face nord, effacée par le temps, la date « 1690 » est gravée dans le bois tandis qu’à l’est, la date « 1720 » est peinte en rouge. Une analyse dendrochronologique réalisée en 1991 par le laboratoire du Musée cantonal d’archéologie de Neuchâtel, complétée en 2009 par dix-huit nouveaux échantillons prélevés par le Laboratoire Romand de Dendrochronologie, ont confirmé l’ancienneté de cette construction et justifié les efforts entrepris pour son sauvetage et sa conservation.


Le décompte des cernes

Les premières études s’étaient concentrées sur la grande charpente à poteaux couvrant le volume principal. Elles avaient permis de conclure que tous les bois utilisés provenaient de coupes effectuées durant l’automne ou l’hiver 1719-1720 et l’année suivante, durant l’automne ou l’hiver 1720-1721. Les seconds prélèvements, sur les élévations, ont démontré que les sablières basses et les sablières hautes du volume couvert par le toit en pavillon provenaient du même lot  comme les poteaux analysés dans la partie nord. Au sud par contre, les quatre poteaux étudiés sur toute la longueur de la façade, étable y compris, étaient issus d’épicéas abattus en automne ou en hiver 1876-1877, indice d’une intervention réparatrice importante de ce côté du chalet, pourvu d’ailleurs d’un bardage de protection. Les six prélèvements faits dans le corps de bâtiment oriental - sur une sablière haute, deux poteaux, un entrait, une panne et un arbalétrier - montraient que cette construction avait été réalisée avec des bois abattus durant l’automne ou l’hiver 1819-1820.


Sur la base de ces résultats, sachant que les bois étaient généralement mis en œuvre dans les mois qui suivaient leur abattage, on a conclu que le volume principal du chalet avait été construit dès 1720 comme l’indiquait la date peinte à l’entrée orientale. Aucune pièce analysée ne donnait une date plus ancienne, mais le linteau millésimé 1690 n’était pas le seul indice d’une construction antérieure que ce chalet aurait remplacée. La paroi séparant l’ancien saloir de la chambre à lait repose en effet sur une semelle en maçonnerie inhabituelle pour les divisions. On pouvait donc imaginer une première construction, beaucoup plus modeste, dont on n’aurait repris que le socle et quelques pièces, l’encadrement de porte notamment.

Des archives et des hommes

Comme l’indique son nom, l’alpage était propriété de la ville de Gruyères depuis belle lurette et son exploitation a laissé des traces dans les archives. Les registres des séances du Conseil communal et les comptes de la ville de Gruyères ont éclairé les observations faites in situ. On apprend ainsi que le 29 janvier 1690, après que Jacques Castella eut proposé de « faire le grenier du Crest », le Conseil donna « la charge de faire ledit Grenier beau et bon audit Jacques Castella, maître Pierre charpentier et Jean Loÿs Bussard maisonneur ». Durant l’année 1690, on construisit donc un « grenier » à fromages, autrement dit un saloir sur l’alpage communal du Crêt. Les « montagnes » faisaient l’objet d’un entretien soigneux et constant comme en témoignent les dépenses faites pour l’essartage, l’épierrage et la réparation des bâtiments, régulièrement contrôlés. En été 1719, le gouverneur Antoine Gachet et le maisonneur Frantz Joseph Gachet gagnent le Moléson pour juger des réparations nécessaires au « grenier du Crest ». Sur la base de leur rapport, le Conseil prend la décision en novembre 1719 de remplacer le bâtiment par un chalet neuf. Bravant les rigueurs de l’hiver, le gouverneur, le maisonneur et Pierre Bussard se rendent sur place le 1er décembre « pour voir comme on retabliroit le Challet du Cret ». Dans les jours qui suivent, le curial François-Pierre-Emmanuel Gachet présente au Conseil un « plan dressé pr. la construction » du nouveau bâtiment. A la demande des autorités, il fait même « un nouveau dessein » qui reçoit leur approbation et un cahier des charges avec doubles pour les charpentiers de la commune qui contesteront son devis. En mars 1720, on finit par s’entendre sur un prix total de 206 écus petits, l’équivalent à cette date d’une trentaine de bons gruyères négociés un peu en-dessous de 7 écus petits la meule , un luxe inaccessible aux charpentiers rétribués 7 baches la journée. Au bout du compte, trois semaines de paie pour le roi des fromages et 588 jours de labeur pour s’offrir un des beaux chalets de la région. L’ouvrage est alors attribué à François Pittet dit Franchon, Claude Rime, Frantz-Joseph, Jean-Nicolas et Jean Gachet, tous bourgeois de Gruyères et semble-t-il tous charpentiers ou menuisiers. Le 23 mai, le secrétaire de ville et Pierre Bussard se rendent sur l’alpage du Crêt « voir ou l’on couperoit le bois pr. le challet ». Les charpentiers travailleront donc sur place. La construction proprement dite est rapide, quinze jours pour dresser la bâtisse, des fondations au faîte. Le 15 septembre, le Conseil autorise Franchon Pittet, responsable du chantier, à utiliser pour la confection des « murailles » de la terre brûlée au lieu du sable introuvable sur place en quantité suffisante. Le 6 octobre, on annonce que Franchon Pittet a terminé l’ouvrage qu’on lui a confié « pr. le toit et les murailles du Challet du Crest ». Un mois plus tard, on présente au Conseil un rapport d’expertise établi par les commis de la commune assistés par deux spécialistes « désintéressés », le maître charpentier Antoine Pasquier et le maître maçon Joseph Ducrest qui jugent le bâtiment « bien fait » mis à part un détail d’aménagement . 1030 florins - les 206 écus petits promis - furent alors versés aux six artisans qui y ont travaillé, Franchon Pittet, Claude Rime, les trois Gachet et Jean Currat. Les comptes de l’année suivante étant perdus et les registres du Conseil muets, on ignore si des travaux furent vraiment entrepris en 1721. L’année d’après, en plus de réparations aux couvertures des chalets du Peny, du Commun et de la Joux d’En-haut, la commune fit construire le chalet des Auges.


On est donc bien loin de l’image d’Epinal d’une architecture sans architecte et d’un savoir immémorial transmis de bouche à oreille. Comme pour tout bâtiment public ou ouvrage d’art tel le pont du Châtelet pour lequel le sculpteur et charpentier Jean Verdan fournit un dessin pour la reconstruction en 1692 , l’autorité et ses fonctionnaires ont discuté de l’implantation du nouveau bâtiment, fait dresser des plans et des devis, établi des soumissions, négocié avec les artisans, signé des contrats, nommé une commission de bâtisse et sollicité deux spécialistes pour contrôler la bienfacture de l’ouvrage et établir une reconnaissance provisoire des travaux.

Un « carré » typique de sa génération

Le chalet de 1720 était divisé longitudinalement par une paroi séparant l’étable, l’« aryà », elle-même partagée en deux rangées de couches ou « djîtho » pouvant accueillir 30 vaches au maximum. A l’opposé se succédaient, d’est en ouest, la cuisine, la chambre à lait et le saloir dont les dimensions correspondaient peut-être à l’ouvrage antérieur. Le « trintsâbyo », lieu de préparation des repas et de fabrication des fromages était doté selon l’usage d’un foyer, le « krou dou fu », à même le sol, surmonté de la « bouârna », la borne servant également au fumage de la viande. La « tsanbra a lathi » est bien identifiable aux fentes horizontales ébrasées, les « béte » qui en assuraient la ventilation sur la façade nord, à la hauteur des « baranye », les tablards où l’on disposait les « dyètso », les jattes à lait, pour faciliter la montée de la crème. La dernière pièce, le « gournê », servait à la fois de saloir et de dépôt de fromage. A une époque où les saloirs étaient généralement de petites constructions indépendantes, cette particularité est bien signalée dans les premiers cadastres incendie de la commune qui parlent dès 1818 d’un « chalet contenant un sellage ou magasin à fromage ». En 1827, l’hoirie de Fégely fit encore dresser pour son nouveau chalet, un saloir indépendant sur l’alpage voisin de la Chaux-Dessous. Les armaillis dormaient à l’étage, sur le « cholê », le soliveau, accessible de la cuisine par un escalier de bois.

Le chalet du Crêt de la Ville est bien visible sur le plan géométrique de la commune de Gruyères dressé entre 1741 et 1745. Le commissaire géomètre lui a donné un plan carré, ce qui est proche de la réalité, avec une petite annexe orientale qui pourrait avoir disparu lors de l’agrandissement de l’étable. Il est signalé comme propriété des bourgeois de Gruyères qui se partageaient, avec divers patriciens fribourgeois, l’essentiel des alpages de la vallée des Groins et du flanc nord du Moléson. Il desservait alors deux alpages attenants, celui du Penny et celui du Crêt de la Ville, soit 138 poses et demi, un peu moins de 50 hectares, avec une charge annuelle de 54 vaches si l’on en croit la reconnaissance du 28 juin 1745. Vingt-cinq ans après sa construction, le chalet du Crêt de la Ville était déjà insuffisant pour l’estivage d’un tel troupeau et l’on comprend qu’il ait fallu construire un nouveau chalet de 21 m sur 7 pour l’alpage du Penny, peu avant 1818 , avant d’agrandir celui du Crêt de la Ville en 1820, date établie par les analyses dendrochronologiques et confirmée par une mention du premier cadastre incendie de la commune et par les comptes de la ville de Gruyères . Prolongée d’un tiers vers l’est, dans une aile couverte d’un comble à pente douce, l’étable passa alors de 15 à 23,5 m de long, avec une capacité de 30 à 46 vaches désormais.

La poya des charpentiers et des tavillonneurs

Comme un siècle plus tôt, le chantier commence dans les premiers jours du mois de mai, après la fonte des neiges. Dès le 6, Jean-Joseph Bussard abat le bois nécessaire à la construction dans les forêts qui bordent le nord du pâturage. Le surlendemain, on découvre le toit du chalet tandis que les maçons travaillent déjà aux fondations de la « recrue du crêt de la ville », entendez son agrandissement. Le même jour, un attelage de bœuf y conduit les « gîttes », soit les sablières préparées par le charpentier Jean-Joseph Gachet. A la fin du mois déjà, la charpente a été dressée. Le 22 mai, on paye Charles Gachet pour la livraison de 17000 « clavins », les clous à tavillons dont on recouvre toute la construction. Le cadastre incendie précise d’ailleurs en 1834 que la bâtisse est entièrement revêtue « en petits bardeaux »  ou tavillons, un mode de couverture qui s’était déjà substitué à l’ancelle, l’« âchiye » posée sans fixations sur des toits à faible pente uniquement. On profite de ces travaux d’agrandissement pour réparer le chalet. Félix Vallélian, du Paquier, est payé « pour avoir raccomodé les clefs du grenier » ; encore une mention qui écorne l’image idyllique de l’alpage et de ses chalets grands ouverts à l’année. On chapardait sans doute autant dans les verts pâturages que dans les venelles urbaines comme en témoignent ces précautions pour mettre en sûreté les précieuses meules de fromage et une petite dépense, lors du chantier, pour « 8 autres cloux au lieu de ceux qui ont été volés ». En juillet de la même année, on entreprend l’agrandissement du chalet dit des Cliards, sur l’alpage contigu des Petites-Clées. Le 29 septembre 1819, on avait en effet signé une convention avec Joseph Gachet, charpentier à Pringy, pour la construction d’une nouvelle écurie qui serait greffée au chalet d’origine, comme au Crêt de la Ville, pour une somme de quinze louis soit 120 écus petits. La charpente est levée le 29 juillet sur les fondations réalisées avec des pierres montées au chalet et de la terre brûlée en lieu et place de sable. Contrairement au Crêt de la Ville où l’on avait voituré trois bosses de chaux, on allume un « rafour », un four à chaux, sur le site. Antoine Gachet livre 10'000 clavins pour la couverture en tavillons, payée aux couvreurs 23 baches la toise, fourniture et pose comprises, alors que les artisans sont rétribués 9 baches la journée.

Les comptes égrènent d’année en année, dès la fin de l’hiver, leurs lots de dépenses aux charpentiers et aux tavillonneurs chargés de l’entretien des chalets, saloirs et gîtes. Les analyses du bois ont mis en lumière des réparations importantes au Crêt de la Ville, en 1877, à nouveau confirmées par les archives. Le long-pan sud a été réparé et plusieurs poteaux changés, notamment dans les angles. Le travail fut attribué à la fin septembre 1876 au charpentier Sylvestre Rime, pour 350 francs de l’époque. Faute de comptes pour ces années-là, on doit conclure sur la base des dendrochronologies que les travaux n’ont été réalisés qu’au mois de mai de l’année suivante.


L’avenir d’un chalet sans alpage

L’empiètement du site de Moléson-Village sur l’alpage du Crêt de la Ville a entraîné l’abandon du chalet qui, faute d’entretien, a connu une dégradation rapide. La réalisation d’infrastructures routières et de constructions modernes alentour plus l’absence de drainage ont sans doute modifié l’hygrométrie du terrain et accéléré d’anciens tassements de fondation qui expliquent l’affaissement du soubassement, la dislocation des angles nord de la construction initiale et les désordres structurels de l’ouvrage. En plus des déformations de la charpente, on a constaté également des dégâts sur les madriers, attaqués par des insectes. Le diagnostic a bien sûr effrayé la commune de Gruyères, encore propriétaire d’un riche patrimoine de 15 chalets sur son territoire , la moitié déjà signalés au XVIIIe siècle, à l’âge d’or du gruyère, certains remontant à la seconde moitié du XVIIe siècle au moins, comme ceux de la Joux d’En-haut, mentionné en 1690, des Joux Derrey et de Montgeron où des travaux sont signalés en 1692 . Il a été question un moment de sacrifier la vénérable bâtisse, puis de l’expatrier en Suisse centrale, mais le Musée de l’habitat rural à Ballenberg a décliné l’offre en 2005. La commune a finalement choisi de le sauver pour le mettre à disposition de ses concitoyens dans l’idée d’une réappropriation du lieu par la communauté qui l’a véritablement « inventé ». En 2006, une douzaine d’étudiants de l’Ecole d’ingénieurs et d’architectes de Fribourg investissent les lieux à l’occasion d’un séminaire sur les « Usages », confrontant dans leurs travaux l’authenticité du chalet du Crêt de la Ville au chalet des Colombettes, mémorial vidé de substance : « car l’un représente en quelque sorte le danger de l’autre. D’un côté, un patrimoine authentique qui a perdu son usage. De l’autre, un patrimoine qui a perdu sa substance architecturale, mais qui reste animé ». Dans la foulée, le Service des biens culturels a poursuivi le travail de connaissance et de remémoration de l’objet, en lançant notamment une campagne d’analyses dendrochronologiques et de relevés lasérométriques du bâtiment afin d’offrir une base scientifique à toute intervention.


Dans ces conditions, la remise en état et le sauvetage de ce témoin de l’architecture alpestre devrait servir le débat qui s’amorce sur les conditions de conservation de ce patrimoine menacé par les difficultés de l’économie alpestre, mais également par son statut dans l’imaginaire collectif et sa récupération par une société urbaine en mal de valeurs archétypales. Au pied du Moléson, le village idéal des architectes n’a pas résisté longtemps au « faux romantisme » craint par son concepteur William Dunkel. Les « chalets » prisés par les clients, au rustique de façade, ont vite supplanté les « molécubes » honnies, brutes de décoffrage. Dans ce nouveau paysage alpin tapissé de leurres, le chalet du Crêt de la Ville fait de la résistance et peut offrir un espace de réflexion face à l’appauvrissement du discours sur l’authenticité, qui mine le débat. Construit en 1720 par la commune de Gruyères qui en est toujours le propriétaire, ce chalet est l’un des plus anciens du canton, l’un des premiers également avec « sellage » incorporé. Sur les quelques 1350 chalets d’alpage recensés par Jean-Pierre Anderegg, seule une cinquantaine est antérieure à 1750, même si des recherches plus poussées pourraient encore nous réserver quelques surprises. Ainsi le chalet de la Monse, autrefois situé dans un hameau d’altitude sur la commune de Charmey, présenté en 1996 comme « le plus ancien chalet fribourgeois connu à ce jour »  a soudainement pris un coup de vieux. Alors qu’on le datait de 1619, de nouvelles analyses dendrochronologiques ont permis d’établir avec certitude qu’il a été construit en 1500, puis agrandi d’une travée d’étable au sud-ouest et pourvu d’une nouvelle charpente en 1618, probablement pour François Galley . Faute d’analyses poussées et de recherches archéologiques, il faut arpenter les archives pour trouver la mention d’un « chaslet » fribourgeois plus ancien, le premier connu en 1408. Si l’on s’efforce d’en sauvegarder la substance historique et l’esprit du lieu, le chalet du Crêt de la Ville pourrait servir de repère au cœur d’une station touristique du XXe siècle et nous permettre de mesurer le grand écart qui sépare le rêve de la réalité, le chalet confortable et préfabriqué dont les élites bourgeoises ont parsemé leurs loisirs  et le « vieux chalet » de nos hymnes.

Résumé – Phagocyté par le site touristique de Moléson-Village, privé de son alpage et de sa fonction initiale, laissé trop longtemps à l’abandon, le chalet du Crêt de la Ville a fait l’objet d’intenses discussions autour de sa conservation et de son intérêt en tant que témoin du patrimoine alpestre cantonal. Déjà propriétaire de 15 chalets, la commune de Gruyères a pourtant décidé de le sauver. Des analyses dendrochronologiques, des relevés lasérométriques et des sondages dans les archives ont confirmé la valeur de ce bâtiment, parmi la cinquantaine de chalets les plus anciens du canton. Le volume principal, un parallélépipède de 12 m sur 15 couvert d’un vaste toit en pavillon couvert de bardeaux, a été construit en 1720 par des artisans bourgeois de Gruyères et sur les plans du curial François-Pierre Emmanuel Gachet. En 1745, le chalet desservait deux alpages contigus d’une superficie d’un peu moins de 50 hectares avec une charge de 54 vaches en estivage par an. Devenu trop petite, l’étable a été agrandie en 1820, passant de 15 à 23,5 m de long, avec une capacité de 30 à 46 vaches désormais. Avec son nouveau corps de bâtiment greffé à l’est, le chalet a pris à cette date l’aspect qui est le sien aujourd’hui. Mis à part d’importantes réparations en façade sud en 1877, il n’a pas subi de transformations depuis lors et présente tous les éléments d’un chalet fribourgeois traditionnel, tant dans sa construction que dans sa distribution, avec étable au sud, cuisine, chambre à lait et saloir à l’opposé.